Une soirée d’aujourd’hui (et c’est du vécu) . . . Monsieur (appelons le X), divorcé, est avec sa nouvelle compagne, dont l’ex-mari est aussi présent. L’ex-épouse de Monsieur X est aussi là avec son nouveau compagnon. C’est vrai que nos mœurs d’aujourd’hui rendent caduques les péripéties des comédies de Feydeau. !

    Il faut donc pour les apprécier accepter les règles d’un jeu qui n’est plus le nôtre. Les règles d’une société où il faut sauver les apparences. Une société où les femmes sont corsetées physiquement (mais elles s’en libèrent) mais aussi moralement (du moins en apparence). Mais ne nous fions pas à ces apparences. En fait, dans LE DINDON, ce sont elles, les épouses fidèles et dévouées, qui mènent la barque. Et que ces messieurs fassent des écarts, elles sont prêtes à montrer de quoi est capable le sexe dit faible : se libérer des liens conjugaux, et / ou obtenir un divorce tout à leur avantage.

    Mais laissons ces considérations sociologiques. Avant tout, LE DINDON est une comédie. Pour avoir travaillé dessus toute l’année, nous en avons découvert (et apprécié) les ressorts. Feydeau est comme un jongleur qui lance des mots ou des situations en l’air et qui finit par les rattraper. Cent vingt-sept ans après, il joue encore avec nous, mélangeant à plaisir les quiproquos, les rencontres inattendues, les gaffes des personnages, . . . etc. Du théâtre pour rire.

    Situation « confortable » du spectateur qui voit, bien à l’abri de son statut de spectateur, des personnages se prendre les pieds dans des tas de tapis, s’embrouiller, s’enfoncer, être les jouets de situations qui les dépassent et les entraînent. On vous souhaite une bonne soirée de spectateur !

Bernard DANGAS